Il était déjà tard lorsque je franchis la porte élimé du Merlotte’s, et pourtant, une atmosphère assourdissante y régnait encore.
La lune avait pointé le bout de son nez depuis un moment maintenant, et c’était par cette magnifique nuit de pleine lune que j’avais décidé de m’offrir une petite virée en ville. Les Zombie n’avaient pas le privilège de vivre comme tout à chacun, ici, à Bon Temps et, bien que ces salopards de vampires aient obtenue le droit de vivre en paix au sein des pauvres et insouciants habitants de notre petite ville, les zombies étaient encore quand à eux considérés comme une race débile et inutile à la société. Ils n’avaient donc pas le droit de chercher ni de trouver ni d’exercer un job et leur vie sociale était bien piètre pour la plupart d’entre eux. Bien malheureusement, je faisais désormais parti de ceux que l’on considérait comme inférieur.
Certains humains de passage par ici disaient pourtant de Bon Temps que c’était un charmant petit coin de paradis et patati et patata … Mon cul oui ! Je peux vous assurer qu’il ne faisait pas bon vivre dans cette ville, surtout ces temps ci, alors que le manque de True Blood commençait à affecter tous les vampires. Dans ces conditions vous n’étiez jamais à l’abri de vous voir sauter dessus au détour d’une rue et de vous faire sucer le sang jusqu'à ce que votre corps en soit complètement vidé ! Croyez moi, je suis rodé de ce coté là. Ah je vous jure que si un jour je retrouve l’enfoiré de vampire qui m’a vidé comme une vulgaire cannette de coca, je lui arrache les membres un par un en commençant par les doigts et finissant par la BIP ! Bon ok, je m’égare là. Hum… Je disais quoi déjà ? Ah oui, Bon Temps. Bon, enfin bref, vous l’avait certainement compris, si vous êtes amateur de monstres et buveur de sang en tout genre, Bon Temps sera le lieux de vos rêve, à condition que vous n’ayez pas prévu de vivre une longue et paisible vie avant de vous retrouvez les deux pieds dans la tombe bien entendu. Ne dites pas que vous n’avez pas été prévenu hein !
Donc, ayant passé une journée cloîtrée à la maison, ce fut parfaitement manucuré, coiffé et habillé que je débarquais au Merlotte’s. Des que j’eus posé un de mes escarpins hors de prix à l’intérieur du bar, les regards se tournèrent vers moi. Un sourire charmeur étira mes lèvres tandis que je balayais l’assemblée des yeux. Une bonne partie des tables étaient occupés par des hommes à moitié ivre ou complètement bourrée. Certains étaient mignons, très mignons même, et je prenais la peine de gratifier ceux là une œillade aguicheuse. Ce fut alors que commença ma longue traversé de l’entrée du Merlotte’s jusqu’au bar. Ma démarche chaloupé et langoureuse me valut de nombreux sifflements mais j’en avais l’habitude, les hommes s’étaient toujours retournés sur mon passage et, ce, même après ma pitoyable transformation en zombie.
Après avoir laissé tout le temps de me contempler à ces messieurs, je m’asseyais sur l’un des sièges inconfortable qui entouraient le bar. Ce fut alors que je vis Bellone venir à ma rencontre. Je savais pertinemment que ma soeur travaillait ce soir là et c’était justement pour cela que j’avais décidé de m’offrir cette petite sortie en ville.

- Tiens tiens, dis je d’un air faussement étonné, un sourire mesquin découvrant mes dents plus pointu que lorsque j’étais encore humaine, regarde donc qui voilà : Bellone !

Sans quitter ma sœur des yeux, je faisais passer une des mes longues jambes laissés à découvert part ma jupe en jean par-dessus l’autre puis croisais les bras sur ma poitrine pour finalement observer Bellone des pieds à la tête de façon volontairement hautaine.

- Dis moi un truc grande sœur, continuais je en plissant les yeux comme si la seul vue des vêtements que portait Bellone me révulsait, t’en as pas marre de jouer les potiches et d’essuyer des verres à longueur de journée ?

Je savais bien que ma phrase était mesquine, voir odieuse, et que j’étais bien peu reconnaissante de tous ce que faisait ma sœur pour moi, mais c’était Bellone qui m’avait voué à une vie de morte vivante sans perspectives d’avenir et je lui en voulait énormément d’avoir fait passé son chagrin avant mon bien être. Ma sœur savait pertinemment ce qui m’attendait en me redonnant la vie et me transformant en zombie, et elle avait fait preuve d’égoïsme en ne tenant pas compte de ce que je deviendrais ensuite. En tant normal déjà je n’avais pas pour habitude de faire de cadeaux ni à ceux qui m’entouraient, ni même à ma propre sœur, alors désormais que j’étais devenu un monstre, inutile de préciser que je ne risquais pas de rectifier mes anciennes habitudes.

- Bon, soupirais je en passant une main dans mes cheveux (quelques hommes m’adressèrent des sifflements enjoués de nouveau), sois mignonne et apporte moi une bière plutôt que de rester planté comme un piquet tu veux.

Ma dernière phrase n’étais pas plus une question qu’un ordre et si tôt ma commande passée, j’attrapais une paille mise en libre service sur le comptoir et me mit à en mâchouiller le bout tout en défiant ma sœur du regard.